Notre président du conseil régional, un dénommé François Fillon, organise soudain en catastrophe une exposition des sociétés d’informatique en son palais du Conseil Régional de Nantes. Quoique non invité, je m’y rend par curiosité accompagnant mon partenaire Dominique Bayle de Hoo. Un exposant me chuchote à l’oreille : « Regardez ! François Fillon est là ! C’est lui qui va nous faire le discours d’introduction. – Et alors, réponds-je étonné, quoi d’extraordinaire pour un président de Région qui nous organise un salon ? – Comment ? Vous ne savez pas ! Il est ministrable ! » Comment cet exposant sait-il ça, cela m’échappe. Et en effet, les mois qui suivront, François Fillon deviendra ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité dans le deuxième gouvernement Raffarin. Fillon s’installe au micro devant la foule des exposants et commente un PowerPoint sur grand écran avec une aisance, une facilité d’élocution et une compétence qui me stupéfient. Pas de prétention, pas un faux pas, pas une connerie, pas l’ombre d’un comportement politicien… ça me change de Madelin ! Puisque un ministrable aussi talentueux est à ma portée, je décide de profiter de l’occasion pour le rencontrer. Il peu sûrement faire quelque chose pour un nantais dynamique et honnête comme moi. Après son exposé, profitant de ce qu’il se retrouve seul un instant, je l’aborde et lui demande quelques minutes. Il me les accorde sans difficulté. Je lui décris alors mes problèmes à Nantes, dont le refus de la Région d’accorder une aide à la création d’entreprise à ma start-up. Je lui parle de mon interdiction de gérer sur un faux dossier. Il m’écoute sans rien dire, prend ma carte et me dit qu’il va s’occuper personnellement de la question. Je le quitte, de l’espoir plein les mirettes.
Dans le privé, une telle promesse a de la valeur. Hélas, je ne suis pas dans le privé… Plus jamais je n’aurai de ses nouvelles, en dépit de deux courriers de relance. Évident ! J’étais face à un ministrable, c’est à dire face à quelqu’un dont la carrière s’appuie sur sa stricte et médiocre ambition personnelle, non sur le désir de rendre service aux Français. Vive nos élus ! C’est ça la France…